Les maladies des mygales

Les mygales et la maladie

Le sujet que je vais aborder aujourd’hui est quelque chose que les éleveurs confirmés du monde entier redoutent et auquel ils ont tous une fois ou l’autre été confronté : une mygale malade.

Il existe chez nos petites protégées quelques maladies qui sont plus ou moins difficiles à diagnostiquer. Aujourd’hui, nous allons voir les principales maladies qui peuvent pourrir la vie de nos mygales et, par la même occasion, celle de son détenteur ou éleveur. Pour certaines de ces maladie il y a un traitement mais pour d’autres c’est fatal pour l’araignée. Certaines de ces maladies pourraient être évitées avec un peu de bon sens et d’attention. Je ne suis pas un donneur de leçon et je ne juge personne mais avec l’expérience acquise depuis tellement d’années dans la maintenance des mygales je constate que beaucoup de détenteurs de mygales font et répètent bien souvent les mêmes erreurs et c’est pour cela qu’aujourd’hui il faut en parler ouvertement et sans détour.

Le cancer des mygales

La première de ces maladie est aussi l’une des plus connue, le cancer des mygales. Ce «cancer » se déclare souvent par l’apparition (au début) de petites taches sombres, souvent de couleur brune sur la zone glabre de l’abdomen et ces taches grandissent et prolifèrent. À l’heure où j’écris cet article, il n’y a encore aucun traitement pour cette maladie qui est à 100% fatale pour l’araignée.

Toutefois, nous avons constaté que cette maladie touche principalement des individus âgés et qu’elle n’est pas contagieuse. Elle ne constitue donc pas une menace pour les autres araignées. Après de nombreuses recherches sur le sujet, les chercheurs ne savent toujours pas comment ce « cancer » se déclare ni comment le traiter ou si il s’agit bien d’une forme de cancer ou tout simplement d’une infection virale ou bactérienne. Mais cette maladie est fatale et encore trop répandue dans nos terrariums.

Les mycoses et parasitoses

Quand une mygale se blesse ou qu’elle est maintenue dans un terrarium avec une humidité excessive, elle peut développer des mycoses que l’on peut diagnostiquer assez facilement par des zones blanchâtres sur le corps (surtout l’abdomen). Ces mycoses, si elles sont traitées à temps, se soignent très bien de deux manières efficaces.

1) Transférer votre mygale dans un terrarium sec, sans trop de substrat de fond mais surtout bien ventilé.

2) Appliquer à l’aide d’un coton tige une pommade antimycosique sur la partie où se trouvent les petites taches blanches. Ce traitement est très efficace mais encore faut-il l’appliquer à temps et ne pas avoir peur de manipuler sa mygale, chose qui n’est pas toujours évident en fonction de l’espèce.

On peut également trouver de petits acariens sur la mygale ou le plus souvent dans le terrarium. Ces acariens sont amenés dans le terrarium avec le substrat. On peut s’en débarrasser assez facilement en changeant le substrat de fond, en maintenant l’animal dans un environnement beaucoup plus sec et surtout bien ventilé pendant un certain temps et si cela ne suffit pas, tamponner à l’aide d’un coton tige trempé dans de l’alcool à 70° la partie du corps où se trouvent les nuisibles.

Les endoparasites

Les endoparasites, c’est-à-dire les parasites vivants à l’intérieur de l’araignée, sont bien souvent fatals pour la mygale. On compte parmi eux les larves de mouches (Acroceridae) et des larves d’Ichneumon de la famille des Pomplilidae que l’on trouve uniquement sur des individus prélevés dans la nature de même que les nématodes.

La parasitose par les nématodes est facilement identifiable. D’une part les filières de l’araignée infectée se tiennent à l’horizontale et non pas, comme d’habitude, relevées sur l’abdomen. D’autre part, l’araignée infectée tiens ses pédipalpes enfoncés sous le corps comme si elle se nourrissait. Malheureusement, lorsque l’on observe ces symptômes, il est déjà trop tard pour entamer quoi que ce soit. À ce jour, un seul remède (certes prometteur) est très cher et pas encore commercialisé en Europe. Mais encore faut-il réussir à l’administrer à temps à l’araignée, sans quoi ce sera une longue et lente agonie pour votre protégée.

DKS – Syndrome dyskinétique des mygales

Qu’est-ce que le syndrome dyskinétique ?

Le syndrome dyskinétique (aussi appelé « DKS » ) n’est pas une maladie spécifique, mais plutôt un ensemble de symptômes qui comprennent généralement :

  • des mouvements saccadés
  • perte du contrôle moteur ( qui entraîne des difficultés ou une incapacité à marcher, à manger et boire ).
  • dans certains cas, le soulèvement des pattes au dessus du céphalothorax.

Quelles sont les cause du DKS ?

Souvent il s’agit d’une exposition à des pesticides qui peuvent rentrer en contact avec la mygale de plusieurs façon. Par exemple :

  • substrat de fond pas adapté, trop humide, pas nettoyé ou stérilisé
  • l’eau du robinet utilisé pour arroser ou brumiser
  • proies exposées aux pesticides
  • les animaux domestiques munis d’un collier anti-puces ou produit similaire
  • traitement contre les punaises de lit ou certains détachants pour tapis
  • produit pour se débarrasser des fourmis ou autres nuisibles

Ce sont les causes les plus connues, mais une exposition prolongée à certains aérosols ou certains produits ménagés sont souvent cités comme pouvant être une cause d’un DKS.

Certains éleveurs ont relevé avoir perdu plusieurs araignées sans raison avant de trouver des moisissures dans leurs maisons ou leurs appartements. D’autres ont également relevé que certaines de leurs protégées ont développé des symptômes d’un DKS après une mauvaise mue. Sachant qu’après la mue l’araignée est plus sensible et fragile, il est fort probable qu’un des éléments extérieurs cité ci-dessus en soit la cause et non la mue en elle-même.

Existe-t-il un traitement ?

La DKS est presque toujours fatal. Bien qu’il soit extrêmement improbable qu’une mygale s’en remette, quelques amateurs m’ont rapporté que leur spécimen s’était complètement rétabli. Donnez à votre mygale une chance de se battre en l’aidant à manger et à boire !

Une étude qui nous vient du Royaume-Uni laisserait entendre que le CBD aurait des effets positifs sur l’araignée atteinte par le DKS. Quelques éleveurs se sont réunis et ont mis en place un traitement à base de CBD et il semblerait que si l’araignée est traitée dans un délai rapide après l’apparition des premiers symptômes, elle réagit bien et augmente ses chance de s’en sortir.

Voilà quelques-unes des maladies les plus courantes qui pourraient toucher vos mygales. À ma connaissance, ce sont même les seules. Mais que ce soit un DKS, un cancer ou un parasite, se sont presque à chaque fois des maladies fatales pour l’araignée à l’exception des mycoses qui se soignent plutôt bien si traitées à temps.

Une constatation importante est que dans le cas des mycoses et des parasites, ces deux pathologies pourraient être évitées. En effet, ce sont nous, les humains, qui (involontairement bien sûr) introduisons ces nuisibles dans la zone de vie de nos protégées par le biais du tourbe, plantes naturelles ou autres artifices dans le but de faire le terrarium le plus flashy possible. Il faut savoir que chaque élément introduit dans le terrarium d’une mygale est une source de problèmes potentiels. Les mygales ne sont pas fragiles et elles s’adaptent facilement à plusieurs éléments comme la température ou encore l’humidité (dans des proportions raisonnables) mais elles ne peuvent lutter contre un ennemi invisible comme des acariens, des endoparasites ou un DKS et là, c’est à nous de faire attention à elles parce que sans nous, elles ne peuvent subvenir à leurs besoins naturels comme se nourrir, boire ou se reproduire. Il est donc important voir vital d’être prudent pour elles.

Sachez encore que pour l’araignée, que son terrarium soit planté ou pas n’a aucune espèce d’importance. Tant qu’elle peut creuser une galerie (pour une souterraine), avoir des cachettes (pour une terrestre) et une racine en forme de tube (pour une arboricole), le reste lui importe peu. Elle s’adaptera à son environnement, c’est surtout pour nous que cela fait une grande différence et surtout nos pupilles. Attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas embellir son espace de vie, les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent mais pas au détriment du bien-être de l’animal. J’ai moi aussi quelques terras plantés et naturels du plus bel effet, mais chaque éléments introduit a été soigneusement nettoyé (voir stérilisé) et on peut pousser encore plus loin et instaurer une forme de quarantaine pour être sûr qu’il n’y a aucun danger d’introduire des nuisibles dans votre terrarium.

L’idéal serait d’avoir une pièce réservée pour elles seules et ne pas les installer au milieu du salon. J’ai moi-même une vingtaine d’araignées dans mon salon que je contrôle chaque jours et si quelque chose ne va pas, je suis en mesure d’intervenir rapidement et de déplacer l’araignée suspecte dans une pièce de mon appartement qui leur est réservée. Dans ce genre de chambre, il est plus facile de contrôler la température, l’humidité et ce que vous y introduisez alors que dans une pièce commune, il y a beaucoup de passages, les enfants et pleins de petites choses que vous ne contrôlez pas nécessairement.